Je rencontre Marie dans un colloque. Cadre commerciale, elle m’apparait dynamique, fonceuse et enjouée. Je lui parle de mon métier de médiatrice en entreprise ; cela lui donne envie de me raconter son histoire :
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- Seule femme dans l’équipe commerciale, elle subit au quotidien le harcèlement de R., son responsable hiérarchique. Elle se voit ainsi traitée de « vieille peau », subit des réflexions du type: « j’espère que vous n’avez pas d’enfants… » et n’est pas conviée à certaines réunions, réservées à ses collègues masculins.
- Marie se tourne vers les RH qui banalisent – « c’est pour rire »; mais la change tout de même de service. Elle doit cependant continuer de travailler avec R. et de subir son « humour ».
- Battante, Marie s’accroche. Elle tient encore deux ans, mais finit par démissionner, emmenant avec elle 25% du chiffre d’affaire du service, ses clients préférant la suivre.
Quelle n’est pas sa surprise de découvrir, dès le lendemain de son départ, la demande de mise en relation de R. sur les réseaux sociaux !
Pour elle, hors de question de l’accepter comme « ami ». Mais lui n’a manifestement jamais mesuré à quel point son attitude, « pour rire », avait été difficile à supporter pour Marie. Les RH, eux, ont pourtant dû comprendre, puisque l’entreprise ne recrutera par la suite que des hommes pour travailler avec R.
Quel gâchis ! Marie a perdu un travail qui lui plaisait, l’entreprise, une salariée performante et une partie de ses clients et R., une opportunité d’évoluer…
Il lui faudra du temps pour se reconstruire, retrouver confiance en elle et rebondir.
Marie me dit
« Si j’avais connu la médiation,
Si j’avais su qu’elle pouvait permettre de s’expliquer dans un cadre confidentiel et sécurisé,
Si j’avais su qu’elle était inscrite dans le Code du travail et que je pouvais demander à mon employeur d’y avoir recours,
…tout ce gâchis aurait peut-être été évité !
Alors, sortons collectivement la tête du sable, regardons les problèmes en face et ayons le courage de les traiter !…
Caroline Jayet